Comment j’écris mon livre ?
De manière complètement désordonnée… Je fais de mon mieux et je dépasse petit à petit tous les obstacles sur mon chemin.
Je te raconte…
En retrouvant la terre après notre traversée de l’Atlantique au printemps 2018, j’avais l’impression d’avoir percé un grand secret.
On est tous.tes capables de faire des trucs (qui paraissent complètement dingues) même si on n’y connaît rien.
Ça c’est pour la découverte de « surface ».
Ce qui rendait ça possible, c’était d’avoir trouvé la recette de la réinvention de soi…
Après le temps de l’épuisement, puis de la reconstruction et enfin de l’aventure venait le temps de la transmission : maintenant je voulais que tout le monde le sache… et y aille !
On se perd tous.tes, pour une raison pour une autre et un jour on se remet en chemin vers soi.
Je voulais partager ce que j’avais compris avec celles et ceux qui hésitent.
Avec celles et ceux que ça démange de changer de cap…
2018 - démarrer
J’en avais envie, je savais que j’en étais capable (c’était bien ça ma découverte !) et pourtant, je n’ai pas osé y aller.
Ce que je prônais pour traverser un océan (décider d’y aller et se mettre en mouvement), je ne me l’appliquais plus à moi-même dans un contexte différent !
Dans les 2 cas, il s’agissait de milieux inconnus…
Alors quelle différence ?
En lisant Kilomètre zéro de Maud Ankaoua, je me suis sentie incapable d’écrire un roman ou même de raconter mon histoire à la troisième personne.
Conclusion tirée (= progrès) : il allait donc falloir que je m’expose.
Ah.
Ça ne m’enchantait pas exactement.
Mais je voulais vraiment vraiment diffuser ce que j’avais compris.
J’ai donc acheté 2 cours en ligne (comment écrire et vendre un livre, comment structurer une histoire), rejoint un groupe Facebook et commencé à noter toutes mes idées sur des petits papiers avant de les regrouper par catégorie.
En parallèle, j’ai commencé à contacter des auteurs (une en fait, et qui m’a répondu !) et à donner des conférences là où on m’invitait.
Je m’exposais et apprivoisais l’inconfort.
Et puis… et puis je suis repartie à la voile de juin à octobre sans avoir tapé une ligne.
Mais la Vie a plus d’un tour dans son sac et le 13 novembre 2018, je rencontre sur un trottoir palois ma bonne fée qui a cette phrase que j’ai pourtant entendu à plusieurs reprises : « vous devriez écrire ».
Je ne peux plus ignorer l’appel.
L’appel est plus fort que mes peurs et mes pensées limitantes :
- pour qui je me prends ?
- ça ne va intéresser personne,
- que vont penser mes proches ?
- je ne connais personne dans l’édition,
- quel boulot ça représente !
- etc.
2019 - écrire
Une autre raison pour laquelle je ne démarrais pas, c’était le besoin d’avoir un plan, une direction claire.
J’avais noté une tonnnnnne d’idées et me sentais dépassée par la masse d’infos étalées devant moi.
Le pire, c’est que je pensais que je n’en (s)avais pas assez !
Si tu connais CliftonStrengths, tu ne seras pas étonné.e d’apprendre que 3 de mes points forts sont Studieux, Input et Intellectualisme.
J’avais listé toutes les idées importantes, anecdotes, moments cruciaux, leçons et personnages mais sans articulation claire, je ne savais pas par quoi commencer.
Ajoute une palanquée de livres et ressources sur Internet aux conseils contradictoires, j’étais paralysée.
Joyeux cocktail d’Analysis Paralysis.
Grâce à mon relecteur-bonne-fée qui me posait des questions chaque semaine, je me suis laissée porter.
De novembre 2018 à fin mars 2019, j’ai écrit chaque semaine si bien que lorsque Nate m’a rejoint j’avais déjà couché 115 000 mots « sur le papier ».
2020 - réorganiser
Écrire sans direction était un soulagement, je m’autorisais à plonger profond, à faire des rapprochements que je n’avais encore jamais vus.
Devant mes yeux se révélaient les multiples tentatives de l’Univers à m’inviter à suivre mon propre chemin…
Au fur et à mesure, les thèmes récurrents se précisaient et début 2020 (après le Sun Trip Tour et le retour de Nate en Californie), je tenais mon plan.
Et maintenant, j’avais une masse de textes à assembler, découper, recoudre.
Le plan était un bon guide mais la manutention épuisante.
Un peu comme pour un déménagement, tu fais du tri pour réduire le volume.
Il y a ces choses que tu n’utilises pas. Tu n’en as pas fait ton deuil mais elles doivent partir…
It was time to kill my darlings!
Ces passages, personnages et événements chéris que je veux garder au plus proche de ma mémoire mais qui apportent peu au récit et au lecteur…
2020 - digérer
Ajoute l’agressivité ambiante aux USA (pandémie, élections présidentielles et mouvements sociaux), j’ai fui au potager et dans la nature…
Toute l’année, je lis une quantité d’articles sur l’arc narratif, le memoir writing, les story edits, pour parfaire à la fois le fond (la structure du récit) et la forme (le rythme, le style, les accroches).
2021 - me montrer
Mon objectif pour 2021 est clair : brûler mes vaisseaux et terminer le livre.
Quelques jours plus tard, on apprend que des permis seront disponibles pour marcher sur le Pacific Crest Trail et on obtient nos sésames.
Départ prévu le 1er mai.
Je force pour terminer avant le 30 avril mais ça fait trop.
Cependant, d’avoir publiquement annoncé mon intention, je communique sur le blog, via mes Niouzes et sur Instagram.
Je suis régulièrement interviewée et rencontre des dizaines de personnes intéressées avec qui j’échange…
Je connais alors encore mieux mes lecteurs.trices et leurs préoccupations (merci du fond du cœur !).
Sans parler de mes coaché.e.s et participant.e.s aux rencontres que j’organise qui me permettent de garder le lien avec qui j’étais au début du récit (gratitude infinie).
Octobre 2021 : retour du Pacific Crest Trail, je suis terrorisée et me surprend à employer le mot monster quand je parle de reprendre les relectures avec ma coache.
Il me faut quelques temps avant de m’y remettre.
Hors de ma vue, je ne me rappelle pas le chemin déjà parcouru.
2022 - me ficher la paix
Ça fonctionne, je m’autorise à laisser reposer le texte.
Ça fonctionne malgré un coup de stress au printemps (« je veux terminer avant l’été, la visite des copains puis notre séjour en Europe »).
J’aime le rythme, l’enchaînement et l’équilibre.
Désormais il s’agit de raccourcir, améliorer, fluidifier, enrichir le langage, etc.
Bref, maintenant c’est que du bonheur.
J’ai hâte de partager mon histoire et mes apprentissages avec toi :-)
Pourquoi c'est OK de mettre 4, 5 ou 10 ans à écrire un livre ?
J’ai tendance à calculer le temps passé, à regarder le processus d’un regard productiviste…
Je ne suis pas en train d’écrire un rapport.
Je raconte une histoire personnelle – vécue avec ses deuils, ses déceptions, ses obstacles, ses questionnements, ses petites victoires et ses moments de grâce.
En 2018, je n’avais pas le recul nécessaire pour écrire la fin.
C’est en revenant à Pau cet été que j’ai mesuré le chemin parcouru, compris la personne que j’étais devenue/en train de devenir à mon retour à la vie sédentaire.
Beaucoup de récits retracent un moment de rupture, une aventure et une renaissance mais occultent la suite ou terminent sur une vérité partielle.
Grâce au travail avec mes clients de retour de burn-out et/ou voyage et/ou en pleine création d’activité, je sais que la question de la réadaptation à « l’ancien monde » après avoir ouvert toutes les portes est cruciale et je ne veux rien cacher.
Au contraire !
Je veux un témoignage riche et sincère et c’est exactement ce à quoi je travaille…
J’y retourne…
N’hésite pas à partager tes réflexions et à me poser tes questions en commentaires. Merci encore :-)
Excellente journée ou soirée à toi où que tu te trouves sur cette belle planète /
Perrine
J’ai hâte de te lire et je suis sûre que je vais me régaler comme je me régale à lire chacun de tes e-mails, tes niouzes comme tu l’écris avec humour. J’espère que tu vas vite trouver une maison d’édition.
Bises.
J’ai déjà réservé une place dans ma bibliothèque pour ton livre même si je suis certain qu’il sera plus souvent entre deux mains que sur un rayon.
Ahhh, Merci Michel, et si possible un peu corné de voyager à vélo aussi :-)