Journal du 21 juin 2016. Nouvelle Zélande

Retour du Kepler Track à la tombée de la nuit.
La lune était grosse et pleine juste devant moi dans la dernière montée pour arriver « à la maison ».
Helen s’inquiétait de ne pas me voir rentrer.

Comme toujours, je prenais mon temps.
Pour terminer la relecture d’Into the Wild ce matin-là.
Pour prendre mon petit déjeuner sur un tronc d’arbre couché sur la plage de Motarau Hut tout en scrutant le lac Manapouri, les nuages accrochés aux montagnes voisines et même deux arcs-en-ciels successifs.

Solitude, calme, beauté, sérénité, ô merveille.

Que j’aime me balader sur plusieurs jours, comme seule au monde.
Personne à l’horizon.
Nature à l’état pur : oiseaux, insectes, végétation, montagnes, lacs, cieux, nuages, pluie, arcs en ciel, vent… et moi.

Chaque jour le paysage était différent.
Ma portion préférée, entre Luxmore Hut et Iris Burn, quasiment tout le temps sur la crête avec des bourrasques de vent très vivifiantes.
En contrebas, les fiords qui en réalité sont des lacs. Les nuages bousculés par le vent redessinaient sans cesse le paysage dans un jeu d’ombre et de lumière.
Les couleurs étaient irréelles : roches noires, brunes, rouges, végétation verte et jaune, orangée et un tapis de neige çà et là. Je n’ai vu absolument personne ce jour-là.

C’est certainement cette liberté grisante qui va me rester de ce beau pays.
Certes, j’aime les gens et les rencontres que je fais, les instants de vie que je partage mais rien n’est plus fort que ce temps pour moi, égoïste (faussement égoïste), hors du temps, simple, basique, seule avec mes jambes, de la nourriture, un livre, une bougie, un abri et du bois pour faire du feu.

C’est simple mais c’est si beau. Et précieux. Et nécessaire.