Cet article est la suite du billet Burn out et renaissance : effondrée, délivréeeee.
Va le lire et reviens après, avec peut-être dans la tête pour la journée… « Libérée, délivrée, c’est décidé, je m’en vais »…
Dans le précédent billet, je t’avais laissé-e là-dessus :
« Plus que désenchantée, notre société a perdu confiance en soi, en ses capacités, en ses membres et en les autres, les "étrangers". »
Perrine Rambeau (!)
Qu'est-ce qui cloche ?
Concours de circonstances, je viens de trouver des notes prises pendant mon burn-out sur le documentaire I am par Tom Shadyac.
En quête de sens, gavé par la surconsommation, Tom Shadyac avait déjà entrepris de simplifier sa vie.
Mais après avoir frôlé la mort dans un grave accident de vélo, il documente son cheminement et va poser ces 2 questions à des philosophes et des scientifiques de tous horizons :
- Qu’est-ce qui cloche avec l’humanité ?
- Comment améliorer les choses ?
Pas de survie sans coopération
Le documentaire aborde beaucoup de sujets.
Voici 5 idées/découvertes intéressantes pour la suite :
- L’accumulation est contre-nature, elle est nocive.
Aucun organisme vivant ne prélève plus que ce dont il a besoin pour vivre.
Quand ça se produit, l’organisme en meurt… et dans le corps, ce processus s’appelle cancer. - L’économie n’est pas une force naturelle, c’est une invention humaine.
On en a fait la force qui régit le monde.
On a séparé l’humain de la (sa) nature. Au lieu de respecter l’eau, l’air, le sol et les êtres vivants, on respecte des règles économiques qui empoisonnent la planète. - La guerre et la compétition sont des mensonges.
La base de la nature, c’est la coopération et la démocratie. C’est grâce à la coopération que l’humanité a survécu et évolué. La séparation et la guerre mènent au chaos. - Positif ou négatif ?
Les êtres humains fonctionnent mieux et restent en meilleure santé s’ils ressentent/expriment des émotions positives (amour, compassion, bienveillance, gratitude) plutôt que des émotions négatives (anxiété, frustration, colère, peur). - Tout a un impact.
Chaque action de l’un-e d’entre nous à un niveau individuel produit un effet à un plus large niveau.
Aucun acte n’est isolé, tout est connecté.
"We are because we belong"
Cette phrase de Desmond Tutu m’avait tant marquée à l’époque : « The truth of who we are it that we are because we belong », on est humains parce qu’on est connectés les uns aux autres.
Bien plus qu’on ne l’imagine, bien plus qu’on ne le voit.
C’est depuis quelque chose que j’ai étudié en Science du Bonheur (un cours de psychologie du bonheur proposé par UC Berkeley).
De son vivant, Darwin mettait en garde contre les usages sociaux et économiques de ses théories.
En particulier le struggle for life (lutte pour l’existence).
Tom Shadyac a fait les comptes !
Dans The Descent of Man : « sélection naturelle » fait 2 apparitions contre 95 pour « amour ». Tu avais déjà entendu ça ?!
Le titre du film I am (je suis) prend alors plusieurs sens
- Je suis (j’existe) parce que j’appartiens à l’espèce humaine et à la nature,
- Qu’est-ce qui ne va pas dans le monde ? Je suis le problème.
- Qu’est-ce qui va bien dans le monde ? Je suis la solution.
Accepter que je suis le problème amène à un changement social radical et incarné.
C’est l’idée de Gandhi : Commence par changer en toi ce que tu veux changer autour de toi.
Ne pas accepter que je suis le problème contribue au contraire à la disparition de l’espèce humaine.
Crise de confiance
Comment envisager la coopération si on n’est pas prêt-e à faire des efforts, qu’on attend que le voisin bouge, que l’État bouge, que les industriels bougent ?
Ça n’est pas un scoop : on ne se fait plus confiance.
« La plupart des gens sont honnêtes »
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- En 1970, 80 % des Américains nés avant 1930 le pensaient.
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- Aujourd’hui, c’est 60% pour les baby boomers (nés entre 1946 et 1960) et 50 % pour la génération X (née entre 1960 et 1980).
« En règle générale, pensez-vous qu’il est possible de faire confiance à autrui ? »
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- Les Américains étaient 77 % à répondre « oui » en 1964 contre 38 % en 2014.
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- Les Français étaient 19 % à répondre « oui » en 2009.
Il n’y a pas d’autre étude disponible pour mesurer l’évolution.
- Les Français étaient 19 % à répondre « oui » en 2009.
« La France est engagée dans un cercle vicieux dont les coûts économiques et sociaux sont considérables. Depuis plus de 20 ans, des enquêtes menées dans tous les pays développés révèlent qu’ici plus qu’ailleurs, on se méfie de ses concitoyens, des pouvoirs publics et du marché. Cette défiance allant de pair avec un incivisme plus fréquent…
Or la défiance et l’incivisme, loin d’être des traits culturels immuables, sont alimentés par le corporatisme et l’étatisme du modèle social français. En retour, le manque de confiance des Français entrave leurs capacités de coopération, ce qui conduit l’État à tout réglementer et à vider de son contenu le dialogue social. »La société de défiance, Comment le modèle social français s’autodétruit, Yann Algan et Pierre Cahuc.
L’évolution de la confiance
C’est quand même incroyable de se dire qu’on ne s’est pas cogné dessus avec des Anglais ou des Allemands depuis bientôt 75 ans mais qu’on ne fait pas confiance à son voisin ou à son collègue de travail.
As-tu vu le film Joyeux Noël avec Diane Krüger ?
Le film se base sur des faits réels et fréquents pendant la 1ère Guerre Mondiale : les soldats anglais, français et allemands fraternisaient.
Ils quittaient leurs tranchées et se rassemblaient pour enterrer les morts, échanger des cadeaux et jouer.
Alors pourquoi/comment, en temps de paix, des amis deviennent des ennemis alors qu’en temps de guerre, des ennemis deviennent des amis ?
En faisant des recherches pour animer le jeu de la monnaie, j’ai découvert un jeu merveilleux qui te permet de pratiquer plusieurs scenarii qui expliquent notre manque de confiance maladif.
J’ai eu envie de sauter au plafond tellement ça m’a donné de l’espoir. Alors teste et fais tourner un max :)
Car il y a 3 leçons à en tirer pour instaurer un climat de confiance durable…
Je t’en dis pas plus : lance le jeu et tu comprendras en jouant.
C’est super bien fait avec de très mignons personnages !!!
Vas-y, c’est par ici !!
Si tu es pressé-e, reviens quand tu as 20-30 minutes devant toi pour lire les explications (appliquées à la situation des soldats de 1914-18).
You can’t be neutral on a moving train
Te revoilà ? Au cas où tu n’aurais pas testé le jeu, je fais une petite digression.
« Tu ne peux pas rester neutre dans un train en marche » est un autre message fort du documentaire I am.
Quand les événements vont déjà dans une direction désastreuse, rester neutre dans ces conditions c’est accepter cet état de fait. Être complice.
Cette expression, on la doit à Howard Zinn, un historien et politologue américain (1922-2010).
Pendant la 2nde Guerre mondiale, il s’engage dans l’armée de l’air pour lutter contre le fascisme. Après les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, il fait des recherches et comprend que c’est du napalm qu’on lui a demandé de larguer en France.
C’est le point de départ de son engagement politique pacifiste qui élève la désobéissance civile au rang de devoir.
Est-ce que, maintenant qu’on est confortablement assis dans le train, on ne pourrait pas en profiter pour regarder par la fenêtre et choisir ce qu’on veut ?
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- Accumulation ou sobriété et préservation de la nature ?
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- Compétition ou don, entraide et coopération ?
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- Défiance ou confiance ?
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- Courir sans cesse après le temps ou prendre le temps ?
Ça paraît utopique ? Pas à moi.
Mais je sais pourquoi tu as raison de le penser.
Parce qu’on n’entend qu’un seul message !
Allume la radio en te levant le matin, allume la télé à 20h le soir : guerre, accident, terrorisme, insécurité, chômage, dette publique… en boucle.
Un seul son de cloche.
C’est bien pour ça que je suis là derrière mon écran à témoigner qu’en plusieurs années de voyage, je n’ai rencontré que des personnes bienveillantes… et je te mets au défi de trouver une majorité de personnes malveillantes dans ton entourage !!
« Aujourd‘hui, l’utopie a changé de camp : est utopiste celui qui croit que tout peut continuer comme avant. »
Pablo Servigne
3 leçons à tirer de la théorie des jeux
Donc, je reviens à la théorie des jeux et à l’évolution de la confiance.
J’espère que le jeu t’a plu et redonné espoir en l’humanité.
Sans plus attendre, 3 choses dont on a besoin pour améliorer la diffusion de la confiance :
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- Des interactions répétées.
La confiance permet à une relation de perdurer, mais on a besoin de savoir que d’autres interactions peuvent avoir lieu à l’avenir avant que la confiance se développe.
- Des interactions répétées.
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- Possibilité de gagnant-gagnant.
On doit jouer un jeu qui ne soit pas à somme nulle, un jeu où il est au moins possible que les 2 joueurs puissent y trouver leur compte (un gagnant-gagnant).
- Possibilité de gagnant-gagnant.
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- Peu d’erreurs de communication.
Si le niveau d’erreurs de communication est trop élevé, la confiance s’effondre.
Et quand il y a peu d’erreurs de communication, il est intéressant d’être plus indulgent.
- Peu d’erreurs de communication.
Bien sûr, la confiance dans le monde réel est affectée par de multiples facteurs : réputation, valeurs partagées, contrats, marqueurs culturels, éducation, ce qu’on a mangé le matin, etc.
Par conséquent, faisons ce qu’on peut faire, pour créer les conditions nécessaires à l’évolution de la confiance.
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- Construisons des relations.
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- Trouvons des relations gagnant-gagnant.
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- Communiquons clairement.
Peut-être alors, on pourra arrêter de se tirer les uns sur les autres, sortir de nos propres tranchées, traverser le No Man’s Land pour être ensemble… apprendre à vivre et à laisser vivre.
En bonus : les generosity circles
J’irais au-delà des conclusions du jeu en partageant avec toi ce que j’ai appris de mon année en Nouvelle Zélande : les cercles de générosité.
Là-bas, alors que j’étais loin de réunir les 3 critères (pays étranger, culture et langue différentes), j’ai été accueillie, transportée et invitée par des inconnus.
Le jour où un de mes hôtes, Ilan, m’amenait au village le plus proche, on s’est arrêtés au garage pour voir si le garagiste avait bien reçu une pièce.
Sur le chemin du retour (et après m’avoir offert une glace), Ilan m’a expliqué la situation.
2 jeunes Allemands étaient tombés en panne avec une voiture achetée quelques jours plus tôt. L’alternateur avait lâché. Ilan a demandé le numéro du vendeur qui ne répondait pas aux jeunes et obtenu du vendeur qu’il organise les réparations. Ce qui fut fait.
Quand les 2 jeunes ont demandé à Ilan comment le remercier, Ilan a répondu : « promettez-moi que le jour où vous serez en situation d’aider un inconnu, vous le ferez. »
Pas mal, non ?
J’ai précisé que les jeunes étaient allemands mais pas qu’Ilan était juif…
J’ai retrouvé le concept des generosity circles à l’œuvre partout et pas qu’en Nouvelle Zélande !
Regarde le stop par exemple : je vais quelque part alors je t’amène.
Je ne te demande pas de m’amener une fois suivante ou de me payer pour ça. Je sais qu’à ton tour, quand tu iras quelque part, toi-même, tu t’arrêteras prendre des auto-stoppeurs, qui feront de même… et ainsi de suite.
Petite action, effort minimal, effet papillon !
Eh bien voilà, je peux me libérer le cerveau de Libérée, délivrée, et me mettre en tête c’est l’effet pa-pi-llon, petites choses, grandes conséquences.
Prends soin de toi et souris bien aux inconnus :-)
Perrine
CADEAU
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Ping : Burn out et renaissance : effondrée, délivréeeee -
Tu as vu le film « Pay Forward » ? (Bien américain/hollywoodien, mais ça hausse les cercles de générosité au niveau supérieur de l’effet papillon)
Non, pas vu… je vais regarder ça de plus près :-)
Merci Olivier !!
Hello Perrine, Mercii pour ce partage altruiste et cette authenticité, top !
Bien à toi
Fakrou
Merci Fakrou,
Bienvenue et merci de faire partie du voyage !
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