Traversée des Pyrénées, leplusbeauvoyage.com

Fönsterplats – To fly or not to fly?

Aéroport de Barcelone. 18 décembre 2019.

J’y suis depuis 6h ce matin.
Mon vol est à 15h… celui de Nate était à 8h45.

A peine mariés, à nouveau séparés.
On se reverra en mars, pour préparer le Pacific Crest Trail.

Je ne veux plus prendre l’avion à moins de passer plusieurs mois sur place.
Ça permet d’amortir le temps de transport, la fatigue et surtout de réduire l’impact environnemental.

Sans permis vacances travail, jamais je ne serais allée en Nouvelle Zélande ou en Polynésie française.

J’ai donc une love/hate relationship avec l’avion :

  • Sur les vols long-courrier, j’adore me sentir hors du temps, déconnectée du monde.
    Idéal pour réexaminer les derniers événements avant de toucher terre pour de nouvelles aventures. 
    J’en profite pour écrire des lettres (je sais, c’est vieux jeu !), écrire dans mon journal, dessiner (souvent des cartes), rêvasser ou dormir !
  • Les vols plus courts m’épuisent et plus ça va, plus je souffre de flygskam ou flight shame ou honte de prendre l’avion pour faire simple. 

Je viens de passer plus d’un an mais là la SNCF a annulé mon retour de Barcelone à Pau.

J’erre dans l’aéroport, triste d’avoir laissé partir Nate.
J’erre dans cet environnement auquel je n’appartiens plus.

Fönsterplats

Coucher de soleil à Corfou, leplusbeauvoyage.com
Coucher de soleil sur l’île de Corfou, mai 2015

Journal du mardi 12 mai 2015, vol Corfou-Toulouse.

Fyra tusen meter över land.
4 000 mètres au-dessus de la terre…

Pendant des années, je ne regardais plus par le hublot.
Je prenais si souvent l’avion que je dormais avant même le décollage et me réveillais après l’atterrissage.

La magie du vol avait disparu.

J’optimisais mon temps de transport pour compenser le réveil à 4h30 les matins de déplacement.
Je travaillais presque toujours à l’aéroport ; parfois même dans l’avion, pour « gagner du temps ». Je ne pensais pas à regarder par le hublot.
Et pour cause, au lieu de choisir un fönsterplats, un siège côté fenêtre, je réservais un siège côté couloir pour sortir sans « perdre de temps ».

Pourtant, je me rappelle mon émerveillement la première fois que j’ai survolé le Lac Léman en rejoignant Genève pour rencontrer mes futurs collègues. C’était une très belle fin de journée d’automne… quel spectacle : le lac immense et bleu, les voiliers, les montagnes, les arbres multicolores, les églises, le village d’Yvoire où je n’ai d’ailleurs jamais mis les pieds.

Lors de ma première visite à Amsterdam, notre avion avait attaqué l’atterrissage depuis le nord.
C’est extraordinaire de voir les polders et tous les canaux qui encadrent ces terres d’une déconcertante platitude. Incroyable prouesse que de disputer ces espaces à la mer.
À terre, je n’ai rien vu d’autre que l’aéroport, le taxi, l’hôtel impersonnel près de l’aéroport, la rocade et le client.
Puis retour en Suisse. 

Enfin, le jour où j’ai découvert Google Earth, j’y ai passé des heures. 
J’avançais au hasard et m’étais retrouvée à Bakou. Les paysages que j’avais parcourus étaient si différents de ce que je connaissais. N’est-il pas extraordinaire de pouvoir voir le monde depuis son salon ?!

La terre vue du ciel m’a toujours fascinée et pourtant, pendant des années, je m’en suis moi-même privée.

Je sacrifiais ce plaisir sur l’autel du professionnalisme ou de l’optimisation de mon temps. Oui, mon temps…

Tio tusen meter över land.
10 000 mètres au-dessus de la terre…

Aujourd’hui, les choses sont différentes.

Je ne suis pas dans l’avion pour le travail et pas non plus en week-end ou en vacances pour quelques semaines seulement.

Désormais, j’ai du temps devant moi. Autant que je veux.

Je recommence à faire ce que j’aime.
Si ça me plaît, je continue ; si ça ne me plaît pas, j’arrête. 

C’est ma règle et elle est assez simple à suivre.

Je viens de quitter l’île grecque de Corfou et de voir la terre par le hublot, ça me donne envie d’en voir plus.

Depuis mon fauteuil, confortablement installée, je vois des îles à perte de vue et toute une flotte de voiliers. 

Que j’ai envie de faire pareil, d’apprendre à naviguer et d’un jour traverser l’Atlantique à la voile

Passer 2 à 3 semaines en mer sans autre spectacle que la nature, sans terre à l’horizon, ne pouvant compter que sur le bateau et l’équipage.
Les îles de la Méditerranée m’attirent, le Cap Vert (escale possible sur la route des Amériques) est une super destination trekking ; et tant d’autres choses encore…

C’est comme si d’avoir enfin fermé la porte de chez moi (maison/possessions) m’avait libérée. 

J’ai ouvert la boîte de Pandore.
Tout devient possible : voyages, aventures, rencontres, expériences multiples et variées.
C’est moi qui choisis. Je me l’autorise enfin.

J’aimerais aussi participer au Sun Trip.
Vraiment.
De plus en plus j’y pense.

Andoni de mundubicyclette.be avait raison :
« The most difficult thing is to close your door. Once it’s done, you’re free as hell! And you might not want to come back!! »
« Le plus difficile, c’est de fermer la porte de chez soi. Une fois que c’est fait, tu es libre comme l’air ! Et il est probable que tu n’aies plus envie de rentrer
!! »

Ça fait presque 2 mois que j’ai fermé la porte.
La phrase d’Andoni résonne dans ma tête, c’est tellement grisant comme sentiment.

I believe I can fly

Le 12 mai 2015, je me sens libre comme l’air et ne pense pas rentrer de sitôt.
La fête ne fait que commencer. 

Un mariage en France en juillet et tout le reste (x 2) ouvert.

Je veux que tout reste ouvert.
J’ai appris à faire la part belle à l’improvisation.

Au moment du top départ, je ne savais pas où la route allait me mener après la Sicile et Berlin.
Et je m’en suis plutôt bien tirée : l’impréparation mène à l’improvisation ; ajoute un zeste de vulnérabilité (comme ne pas savoir où dormir le soir) et la magie opère à tous les coups.

Dans l’avion, je note les moments qui m’ont le plus marquée.
Et il y en a une foutitude.
Il s’est passé tant de choses !

Comparer 3 semaines de vacances (tourisme) et 3 semaines de voyage : impossible !

J’ai basculé dans la vie « riche » que je recherchais.

A ce moment-là, je n’ai aucune idée que je vais rejoindre Hawila 3 semaines plus tard comme 1ère étape de mon projet de traversée de l’Atlantique.

Et le 31 mai, Sainte Perrine et date de péremption de mes miles Air France, je réserverai juste avant minuit un aller simple pour Auckland avant de postuler pour un permis vacances travail en Nouvelle Zélande…

Depuis 2015, ma vie s’est transformée en pochette surprise.
Et pour activer le pouvoir de la pochette surprise, il suffisait (pour moi) de fourrer l’essentiel de mes affaires dans un sac de 35 L et 10 kg puis de fermer la porte de chez moi !

2009-2019, faire le bilan…

Dernièrement, j’ai lu plusieurs personnes qui font leur bilan de la décennie 2009-2019.

Pour l’avoir fait (par écrit), je trouve l’exercice extrêmement réjouissant et utile car c’est si vrai :

« People tend to overestimate what can be done in one year and to underestimate what can be done in five or ten years. »
« On a tendance à surestimer ce qu’on peut accomplir en une année et sous-estimer ce qu’il possible de d’accomplir en 5 ou 10 ans. »

JCR Lider (un informaticien) ou Anonyme ou Bill Gates (au choix)

Vas-y, demande-toi tout ce que tu as fait, appris, découvert, kiffé, compris sur les 10 dernières années.
Tu vas voir, ça fait un bien fouuuuu.
Cadeau bonus : demande-toi aussi pourquoi c’est important pour toi et célèbre :-)

Mais attention, car qui dit bilan dit objectifs à fixer (déformation professionnelle).
Et tu sais que je ne suis pas fan du « et où vous voyez-vous dans 5 ans ? »

Je te suggère de ne pas trop forcer sur les objectifs mais plutôt d’y revenir chaque année car comment savoir quelle tournure peut prendre ta vie dans les 2, 3, 5, 7, 9 années qui viennent ?

On est moins aux commandes que ce qu’on veut nous le faire croire !
La vie nous emmène où elle veut et parfois, il est bon d’accepter de danser sous la pluie plutôt que se crisper sous son parapluie et résister.

« La vie, ce n’est pas d’attendre que l’orage passe mais apprendre à danser sous la pluie. »

Sénèque

Mais si tu sais vraiment ce que tu veux depuis un moment, n’attends plus.
Fixe-toi de petits objectifs et en avant !!

Si fermer la porte de chez soi est un acte qui tient en une phrase, c’était loin d’être facile pour moi.

Des années que j’en rêvais.
2006, 2009, 2013 : autant d’opportunités qui se sont présentées et à chaque fois, j’ai trouvé toutes les bonnes raisons de reculer.
Ou plutôt des excuses : manque de temps/argent (le grand classique au royaume des excuses), orgueil & désir de justice, histoire d’amour…
En clair, j’avais peur de me lancer et j’attendais que toutes les planètes soient alignées.

J’aurais pu attendre longtemps…

Qui sait d’ailleurs si j’aurais osé sans burn out

Il y a une phrase que j’adore entendre de la part de personnes qui se sont jetées dans le vide pour quitter une situation qui ne leur convenait plus : « si j’ai un regret, c’est de ne pas l’avoir fait plus tôt ».
On a toujours peur de ce qu’on ne connaît pas.

Sénèque aurait aussi dit :

« Nous sommes souvent plus effrayés que blessés ; et nous souffrons de l’imagination plus que de la réalité. »

Sénèque

Alors ?

Fönsterplats est une chanson écrite et interprétée par la talentueuse (et ravissante) Lovisa Samuelsson qui l’a écrite alors qu’elle observait par le hublot de l’avion qui l’emmenait au Guatemala.
Fyra tusen meter över land… Tio tusen meter över land.

Fönsterplats est aussi un chapitre de mon livre à venir !!

5 réflexions sur “Fönsterplats – To fly or not to fly?”

  1. Bravo pour l’obtention de ton visa ! Le temps va passer vite d’ici mi-avril, je vous souhaite a Nate et toi tout le bonheur du monde, et des voyages, des voyages,des voyages, et le plus beau voyage est déjà dans votre cœur !

    1. Merci Solange !!
      Sans avion, on ne t’aurait pas rencontrée. Quelle veine d’avoir partagé ce retour avec toi.
      Tant de sagesse en toi :-)
      On t’embrasse !

  2. Hip, hip, hip, Hourra ! tu as eu ton Visa ! Et vivent les Voyages : voyage, voyage… Plus loin que la nuit et le jour…Dans l’espace inouï de l’Amour, Et toujours reviens… Pour nous raconter, tes rencontres d’Amitié, tes prouesses, tes émotions, surtout en prenant l’avion, Eternellement, vole dans les hauteurs… Et reviens te raconter, nous raconter… avec Nate…
    https://www.youtube.com/watch?v=JR2-HMtjvs0
    Perrine, merci de me faire rêver, de vivre tes rêves, de partager tout ton vécu avec cette fraîcheur de paroles, tes mots résonnent en moi comme si tu étais à côté, là, bien présente.
    Aussi je reste attentive à tout ce que tu passes, à tous tes voyages, voyages…
    Les voyages du Bonheur avec Nate ! Bonne continuation.
    Je t’embrasse ainsi que Nate, et Christian se joint à moi.
    Bisous, bisous.. Lulu

    1. Voyage Voyage, glisse tes ailes sur le tapis du vent !
      J’adore cette chanson de Desireless que j’entendais à chaque séance de « Power Fitness » quand j’étais étudiante en Allemagne :-)
      Merci Lulu, vous faites partie de ces incroyables rencontres de bord de route, à ouvrir votre porte aux voyageurs, les accueillir et les chouchouter.
      Bises de nous deux !
      Oui, on reviendra :-)

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